Cartes, phénologie, nombre de données, etc...
Taille : 3,5-5,5 cm
L’Alyte accoucheur est un petit crapaud singulier à bien des égards. La pupille verticale en forme de losange est l’un des critères qui permet de l’identifier. Les adultes, qui mesurent seulement entre 4 et 5 centimètres sont très discrets et difficiles à voir, bien que l’espèce vive souvent très près de l’homme.
Le panel de milieux aquatiques utilisés pour le développement des larves est assez large. Il s’étend des milieux stagnants aux milieux courants, des points d’eau de très petite surface (moins de 1 m²) à d’autres plus conséquents (plusieurs hectares), aux eaux fraîches ou plus chaudes. On peut ainsi observer ses têtards dans des sources, fontaines, ruisseaux, bassins divers, fossés, flaques, mares... Particularité remarquable parmi les Amphibiens de nos régions, les adultes et jeunes Alytes accoucheurs passent la plupart de leur temps dans des milieux thermophiles et secs. Ils affectionnent les murs et murets de pierres sèches, les ruines, les zones rocheuses, éboulis, pieds de falaises ou talus bien exposés, où ils vont trouver des anfractuosités pour se loger. L’Alyte est ainsi l’hôte typique des villages où il apprécie les murets ainsi que les lavoirs et les sources pour y déposer ses larves. Un petit bassin d’ornement dans un jardin, s’il est dépourvu de poissons, peut suffire au maintien d’une petite population locale, même en contexte urbain ! Les carrières en exploitation ou récemment abandonnées ou des zones de chantier sont aussi favorables à cette espèce réputée « pionnière ». Les milieux les plus boisés et ombragés sont généralement évités.
La reproduction s’étale entre le début et la fin du printemps, mais l’Alyte passe la belle saison à chanter ! Son chant est connu de la plupart d’entre nous, même si beaucoup ne savent pas à qui attribuer ces mystérieuses et douces notes flûtées que l’on peut entendre du printemps à la fin de l’été dans les jardins ou même en pleine rue ! Autre particularité de l’espèce, et pas des moindres, le mâle porte les œufs, émis en assez faible nombre (quelques dizaines), jusqu’à maturation complète. Il enroule le cordon autour de ses pattes arrières et va ainsi les garder à l’abri des prédateurs et s’en occuper quelques semaines durant (d’où son nom). A maturation, il vient déposer les œufs (parfois issus de plusieurs pontes, de différentes femelles) dans le point d’eau de développement, dans lequel les têtards peuvent parfois rester plus d’un an si les ressources sont faibles. Ils peuvent alors atteindre des tailles respectables. Une femelle peut pondre plusieurs fois dans la saison.
L’Alyte accoucheur se nourrit de petits invertébrés terrestres (insectes, escargots, limaces, araignées, vers, « mille pattes ») qu’il attrape dans son gite ou au cours de ses déplacements.
L’Alyte accoucheur a su profiter de l’habitat humain pour y trouver des milieux terrestres et aquatiques propices au maintien de petites populations, même si les risques d’écrasement d’individus sur les routes sont plus élevés dans ce type de milieu. Il a certainement ainsi pu coloniser des secteurs plutôt inhospitaliers comme les grands plateaux calcaires, à la faveur notamment de villages et hameaux, souvent pourvus d’une mare. Pour autant, l’introduction de poissons prédateurs dans les points d’eau, fréquente dans les mares, abreuvoirs et fontaines de village, peut régulièrement conduire à l’extinction locale de l’espèce. D’autres atteintes aux milieux de reproduction (abandon ou comblement des mares ou mauvaise gestion) mais également aux habitats terrestres (la réfection ou la destruction des vieux murs, le colmatage des joints des ouvrages en pierre et le bétonnage) fragilisent les populations. Protégé sur l’ensemble du territoire français, l’Alyte est « d'intérêt communautaire » à l'échelle européenne (inscrit à l’annexe IV de la Directive Habitats-Faune-Flore) et est une espèce déterminante ZNIEFF.
Ce petit crapaud est la proie de rapaces nocturnes (Chouette hulotte, Effraie des clochers, hiboux), de couleuvres. Le Chat domestique, qui occupe des habitats similaires, peut entrainer de lourdes pertes. Poissons, tritons, insectes et oiseaux aquatiques peuvent se nourrir des larves.
En Europe, l’Alyte est essentiellement présent en France et en Espagne. Il est largement répandu en France, et couvre presque tout le territoire. Les zones crayeuses et d’affleurements calcaires de la Côte-d’Or, et notamment les secteurs aux reliefs marqués, lui sont propices, pour peu qu’il y trouve quelques points d’eau lui permettant d’assurer son développement larvaire. Il est ainsi plutôt commun sur les plateaux et côtes calcaires, y compris très cultivés (Châtillonnais, montagne dijonnaise, côte et arrière-côte dijonnaise). Il est assez fréquent au niveau des dépressions argileuses de la Terre Plaine, de l’Auxois, du pays d’Arnay. Il est en revanche très rare dans les zones les plus plates, humides ou inondables, moins propices (plaine de Saône, val de Saône), même si cette rareté pourrait être en partie liée à un fort déclin : P. Paris, en 1933, disait qu’il était fréquent de trouver ses larves dans les bras morts et marais du bord de Saône !
Conservatoire des sites naturels bourguignons, 2002, Guide des espèces protégées en Bourgogne, Ouvrage : 176p.
GENIER P. & CHEYLAN M., 2012, Les Amphibiens et les Reptiles du Languedoc-Roussillon et régions limitrophes. Atlas biogéographique., Ouvrage, Biotope, Mèze ; Muséum national d’Histoire naturelle, Paris (collection Inventaires et biodiversité) : 448p.