Classification

  • ClasseInsecta
  • OrdreLepidoptera
  • FamilleNymphalidae
  • GenreLopinga
  • Espèceachine
  • Nom scientifiqueLopinga achine
Données de l'espèce

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Morphologie

C’est un papillon brun, généreusement marqué d’une belle série d’ocelles. En zones forestières, la confusion est possible en vol avec Maniola jurtina et Aphantopus hyperantus. Mais une fois posé, la Bacchante est facilement identifiable, avec son aire postdiscale claire et sa rangée de gros ocelles, ainsi que sa taille légèrement plus grande. C’est la sous-espèce saltator qui vole partout en France ; la sous-espèce nominative, bien distincte, très peu marquée de blanc au revers des postérieures, vole en Italie et en Europe de l’Est. Quelques sujets isolés ressemblant à la forme nominative achine ont occasionnellement été observés à Gap (Hautes-Alpes) ou ailleurs en France (Vendée) et ne représentent manifestement que l’expression phénotypique rare dans notre pays d’un caractère ancestral inscrit dans le génome de l’espèce.

Habitat

C’est une espèce mésophile des milieux boisés. La Bacchante fréquente, d’un vol irrégulier, les forêts claires à grandes graminées (chênaies pubescentes et chênaies-charmaies) et les lisières forestières, en petites populations, ainsi que les fonds de vallons boisés sur calcaire ou terrain alluvionnaire. Dans le sud du Jura, Petite Montagne notamment, l’espèce occupe les ensembles bocagers constitués d’un réseau dense de haies, zones embuissonnées, clairs-bois et pelouses sèches – une distribution qui illustre toute l’importance du maillage paysager. Elle se pose le plus souvent les ailes relevées, sauf en début de matinée ou lorsque l’ensoleillement est insuffisant. Les femelles, très discrètes, sont beaucoup moins observées que les mâles.

Reproduction

Cette espèce univoltine vole essentiellement durant tout le mois de juin, avec des pics d’apparition puis un effondrement rapide de la densité des effectifs, seuls étant ensuite observés des survivants en petit nombre.

Régime alimentaire

Les adultes consomment principalement du nectar des fleurs. La chenille se nourrit de diverses Poacées (notamment de Brachypodes).

Relation avec l’homme

Ce papillon est protégé en France, il est aussi inscrit à l’annexe IV de la Directive Habitats-Faune-Flore. C’est une espèce déterminante ZNIEFF en Bourgogne évaluée comme quasi-menacée en France et vulnérable en Europe par les Listes Rouges de l’UICN. Si l’habitat ne semble pas menacé à moyen terme dans les secteurs aujourd’hui occupés, la faible densité de certaines populations laisse cependant craindre des isolements et un resserrement de l’espèce sur trois ou quatre noyaux principaux, ce qui la rend encore plus vulnérable face aux changements climatiques. Les observations réalisées en Franche-Comté montrent que si la Bacchante exploite des habitats variables (moliniaies intra-forestières, chênaies-charmaies alluviales, lisières et sommières de grands ensembles forestiers, bords de corniches, ourlets de pelouses en voie de fermeture…), elle demeure toutefois très sensible à la structure du milieu qui doit présenter à la fois des zones ensoleillées plutôt mésophiles (le papillon semble fuir les secteurs les plus secs), une strate herbacée de hauteur modérée et de couvert continu, et des éléments ligneux verticaux structurants (le papillon vole souvent à une hauteur de deux à trois mètres et suit les alignements de buissons ou divers écotones : ourlets, haies, lisières, allées forestières…). À souligner également que les adultes, surtout les mâles, sont souvent victimes de collisions consécutives au trafic automobile.

Réseau trophique

Les papillons sont les proies de nombreux insectivores, ils peuvent être consommés par d’autres insectes et des oiseaux par exemple.

Répartition géographique

La Bacchante est une espèce eurasiatique éteinte en Belgique et au Luxembourg. En France, elle régresse fortement et n’est plus signalée dans de nombreux départements de l’Ouest depuis les années 1990. Elle a de même disparu de l’Île-de-France vers les années 1970, alors qu’elle était encore connue dans les bois limitrophes de Paris il y a un siècle ! En Franche-Comté, les populations sont concentrées dans les vallées de la Loue et du Lison, ainsi que dans le Sud du Jura. La Bacchante est probablement éteinte en Haute-Saône, où elle n’a plus été revue depuis 1994, après la disparition historique de certaines stations marneuses proches de Luxeuil-les-Bains au début des années 1980. Elle s’élève facilement jusqu’à 800 m puis devient évanescente ; altitude maximale : 1 080 m (Jura : Septmoncel). En Bourgogne, elle est bien représentée dans les départements de la Côte-d’Or et de la Saône-et-Loire, en zones accidentées mais aussi dans les forêts chaudes de la plaine de la Saône. Dans l’Yonne, le papillon ne se retrouve plus qu’au sud et à l’est, sur calcaire jurassique.
C’est une espèce soumise à d’importantes variations temporelles de densité dont les noyaux sont centrés en Bourgogne sur la partie centrale de la Côte-d’Or ; depuis 2009, elle a été retrouvée fréquemment dans le département de l’Yonne, en zones forestières très localisées où elle avait échappé aux observateurs depuis de nombreuses années. En Franche-Comté, elle semble également soumise à ces phénomènes d’alternance entre phases de contraction et d’expansion. Elle regagne d’ailleurs apparemment en vigueur sur la frontière entre le Jura et le Doubs.

Photothèque Bacchante (La)
Bacchante (Lopinga achine)
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