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Le Grand Nacré présente un dessus fauve orangé rehaussé de nombreuses stries et points alaires noirs. La femelle, plus foncée, montre souvent une légère suffusion grisâtre. Le revers des postérieures, caractéristique, porte de grosses macules nacrées arrondies noyées dans une aire basale d’un vert velouté. L’aire marginale est ornée d’une belle série de taches argentées. L’aire postdiscale, jaune cuir et dépourvue d’ocelles, constitue le caractère essentiel pour le séparer des autres Nacrés. La capture est souvent nécessaire pour le distinguer du Moyen Nacré (Argynnis adippe) et du Chiffre (Argynnis niobe). Seul un examen détaillé du revers permet aisément la différenciation, l’aspect de la face supérieure étant très proche de celle de plusieurs autres Nacrés.
Le Grand Nacré est mésophile, mais préfère les prairies humides fleuries peu ou jamais fauchées en zone forestière et le long des ruisseaux. Les chemins et clairières forestières lui conviennent parfaitement. Les mâles fraîchement émergés parcourent rapidement les espaces ouverts, en se posant rarement, puis se focalisent davantage sur les inflorescences les jours suivants. Les adultes apprécient particulièrement les Scabieuses et les Centaurées et s’y regroupent parfois en nombre.
Les femelles pondent sur différentes Violettes (Viola spp.) et en altitude sur la Bistorte (Polygonum bistorta). Après deux semaines d’incubation, la chenille est entièrement formée dans son œuf, à l’abri duquel elle passera l’hiver. Elle poursuit son développement au printemps en consommant les feuilles. Au moment de se nymphoser, elle tisse un réseau soyeux lâche à même le sol, y incorporant des fragments de mousses et de feuilles. C’est une espèce univoltine qui a une génération annuelle étalée de juin à août. Elle est présente dès fin mai les années chaudes (2011) et jusqu’en septembre en altitude.
Les adultes se nourrissent principalement du nectar des fleurs, les chenilles dévorent les plantes hôtes.
Ce papillon ne supporte pas les grandes monocultures forestières et plus particulièrement les plantations de résineux. Les atteintes portées aux zones de lisière lui sont par ailleurs très défavorables, notamment toutes les rectifications qui entraînent une simplification drastique des ourlets forestiers. À l’instar d’autres Nacrés, cette espèce peut être favorisée par les opérations visant à conserver ou recréer des milieux diversifiés et favorisant les interfaces entre milieux ouverts fleuris et milieux forestiers clairs (lisières progressives et étagées, allées forestières vertes non goudronnées, haies, fauche tardive des bords de route, bandes enherbées autour des cultures…).
Les papillons sont les proies de nombreux insectivores, ils peuvent être consommés par d’autres insectes et des oiseaux par exemple.
Espèce eurasiatique et orophile (des zones montagneuses), le Grand Nacré évite les vallées alluviales et fréquente plus ou moins les mêmes secteurs géographiques que le Moyen nacré. En Bourgogne, elle se cantonne en zone centrale morvandelle et sur les côtes calcaires. Les stations de plaine s’amenuisent, surtout dans une majeure partie de l’Yonne, en Val de Loire et en Bresse (d’où elle semble aujourd’hui totalement absente). En Franche-Comté, elle affectionne les zones bocagères et présylvatiques sur les plateaux calcaires. Elle est en revanche beaucoup plus répandue en altitude où des biotopes plus humides lui sont davantage favorables, et où elle s’élève jusqu’à 1 300 m. Le Grand Nacré est assez commun et ses effectifs sont vraisemblablement stables. Il est néanmoins en nette régression dans l’Ouest et le Centre de la France.
DUTREIX C., 2013, Papillons diurnes et nocturnes de Bourgogne, Ouvrage, L'escargot savant : 368p.
LAFRANCHIS T., 2000, Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Ouvrage, Coll. Parthénope, Biotope édit., Mèze (France) : 448p.
LAFRANCHIS T., JUTZELER D., GUILLOSSON J-Y., KAN P.&B., 2015, La Vie des Papillons. Ecologie, Biologie et Comportement des Rhopalocères de France., Ouvrage, Ed Diatheo : 751p.