Cartes, phénologie, nombre de données, etc...
Taille : femelles 20-50 mm ; mâles 35-85 mm ; larves jusqu’à 100 mm
Le Lucane Cerf-volant est le plus grand Coléoptère d'Europe. On le nomme ainsi du fait de l’envergure impressionnante des mandibules du mâle qui rappelle les bois de Cervidés. Ces mandibules hyper- développées servent lors des batailles entre mâles pendant la période de reproduction et lors de l’accouplement. Le dimorphisme sexuel est important chez cette espèce, les femelles ont des mandibules courtes. La couleur des élytres (ailes coriacées) n’est pas toujours la même d’un individu à l’autre. Chez les mâles comme chez les femelles, celle-ci varie du noir au brun foncé mais possède toujours un aspect lisse et brillant. La tête et le thorax sont noirs, les mandibules sont souvent teintées de rouge.
Ce grand Coléoptère fréquente préférentiellement les vieux arbres des lisières et trouées forestières, les chemins forestiers, les parcs et jardins en zones urbaines. Très discret, le Lucane est difficile à repérer : les larves se développent d’abord dans le creux des arbres ou les souches en décomposition puis sous la terre, les adultes ont une activité crépusculaire et nocturne généralement de mai à juillet. A ce moment-là, les rencontres avec cet insecte à la morphologie caractéristique ne sont pourtant pas rares, y compris en ville. On remarquera les adultes avec leur démarche lente, la posture d’intimidation des mâles ou, avec un peu de chance, leur impressionnant vol lourd, bruyant et maladroit en position quasi verticale.
Au moment de la reproduction, on observe des rassemblements d’individus. Lors de l'accouplement, le mâle maintient la femelle avec ses mandibules. Les femelles pondent plusieurs dizaines d’œufs près des racines ou sur les souches d’arbres. Le développement larvaire dure cinq à huit ans et comprend trois stades. A la fin du dernier stade, la larve construit un cocon dans le sol, avec du bois et/ou de la terre. Elle s’y nymphosera à l’automne et l’adulte y passera l’hiver.
A cause de ses grandes mandibules, le mâle ne peut prendre aucune nourriture, il absorbe des aliments liquides tels que la sève et autres exsudats à l'aide de ses autres pièces buccales transformées en organe lécheur. Par contre, la larve est saproxylophage, elle se nourrit de bois mort et décompose les racines des vieilles souches de feuillus, avec une préférence pour les chênes. On voit bien la place importante de cette espèce dans les écosystèmes forestiers !
Le Lucane voit ses populations régresser, notamment dans les pays du nord de l’Europe, en raison de la réduction de la surface des forêts âgées par l’intensification de la sylviculture, du nettoyage systématique des sous-bois et de l’enlèvement des arbres morts et des haies arborées. Sa démarche et son vol lents l’exposent également aux collisions routières et ferroviaires. Aujourd’hui, le Lucane est protégé, il fait l’objet d’un suivi au niveau européen. L’espèce d’intérêt patrimonial est inscrite à l’Annexe II de la Directive Habitats-Faune-Flore et à l’Annexe III de la Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe. C’est aussi une espèce déterminante ZNIEFF en Bourgogne évaluée comme « quasi menacée » par la Liste Rouge européenne de l’UICN. Il est ainsi interdit de porter atteinte à son habitat.
Cet insecte est au menu de nombreux animaux, des rapaces nocturnes ou des corbeaux notamment, qui délaissent des bouts de carapace dure après leur repas.
Le Lucane Cerf-volant est présent partout en France et dans toute l’Europe, mais son abondance est variable. Le nombre d’observations fiables est toutefois trop faible pour dresser une carte précise de la répartition de cet insecte. Les massifs forestiers bourguignons lui sont très favorables.
TRONQUET M. et al., 2014, Catalogue des Coléoptères de France, Bulletin d'Association, Association Roussillonnaise d’Entomologie : 1052p.