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Taille : 3,5-5,5 cm
Le Sonneur à ventre jaune est un crapaud de petite taille à l’allure caractéristique : son corps plat couvert de petites verrues et de couleur vase lui permet de passer facilement inaperçu dans les points d’eau qu’il occupe. Mais dès qu’il se sent inquiété, il peut exhiber son ventre, jaune vif avec des taches noires comme signe de toxicité : « ne me mangez pas ! ». Sa pupille en forme de cœur le distingue aussi des autres petits crapauds.
Le Sonneur à ventre jaune présente un caractère pionnier. Ses milieux de développement de prédilection doivent être bien ensoleillés, peu profonds et avoir été créés récemment ou avoir subi des processus permettant leur rajeunissement régulier. En Bourgogne, ces processus sont principalement dus : d’une part à l’action de l’homme et de ses engins motorisés (tracteurs, engins forestiers) qui permettent la création d’ornières dans les chemins ou coupes forestières par exemple, ou encore dans des carrières en exploitation ; d’autre part au pâturage et au piétinement des vaches dans les prés humides, créant de petites cuvettes favorables à la ponte. L’espèce fréquente également les milieux faiblement courants à stagnants tels que les rigoles de drainages, les suintements, les abreuvoirs. Le Sonneur est régulièrement noté dans les secteurs de coupes forestières et à proximité des haies bocagères, des villages et dans les carrières. Par contre, les zones plates de fond de vallée sont peu occupées.
Le Sonneur présente le pic d’activité le plus tardif parmi les Amphibiens et les adultes sont surtout visibles une fois l’activité de reproduction débutée. La période de chant est particulièrement longue et s’étend sur plus de quatre mois, au printemps et en été. Au bord de leur points d’eau, les mâles émettent un chant nuptial grave, régulier et plaintif très typique « hou, hou, hou ! », afin d’attirer les femelles, souvent en se laissant flotter à la surface de l’eau. Les femelles pondent jusqu’à plusieurs centaines d’œufs, souvent dans des petites dépressions ou au niveau d’une source suintante où elles les accrochent par petits chapelets (d’une dizaine d’œufs en moyenne) sur des brindilles immergées ou des plantes aquatiques. Le Sonneur peut fragmenter ses pontes dans le temps mais aussi dans l’espace, entre avril et juillet. Les larves, dont les effectifs sont généralement faibles, apparaissent tôt et les métamorphoses s’observent dès la première quinzaine de juillet, ce qui indique un cycle de développement relativement rapide de l’espèce, adapté au caractère souvent temporaire des milieux de vie des têtards.
Le régime alimentaire du Sonneur se compose essentiellement de lombrics, d’insectes, d’araignées et de petits mollusques terrestres et aquatiques. Les têtards se nourrissent essentiellement, du moins lors de leurs premiers stades, d’algues et de diatomées.
Le Sonneur est menacé par le comblement, l’atterrissement et la fermeture des points d’eau qu’il utilise (souvent en raison de l’abandon ou de la conversion de l’usage des milieux par l’homme), l’intensification des cultures, la fragmentation des habitats, l’assèchement précoce des milieux aquatiques, le débardage forestier en période de reproduction. D’autres atteintes constituent des facteurs ayant une influence positive sur les populations par la création ou l’entretien des milieux propices, mais qui peuvent être des pièges mortels ou constituer de fortes perturbations lorsqu’ils deviennent trop importants : piétinement par le pâturage, fréquentation par les engins motorisés en période de reproduction. En Bourgogne, il a disparu de plusieurs localités au cours de ces 40 dernières années, plus particulièrement dans l’Yonne. Protégé par la loi française, il est également une espèce déterminante ZNIEFF en Bourgogne, une espèce « d'intérêt communautaire » à l'échelle européenne (inscrite aux annexes II et IV de la Directive Habitats-Faune-Flore) et évaluée comme « vulnérable » par la Liste Rouge de France de l’UICN.
Les couleuvres ainsi que les oiseaux ou certains mammifères carnivores peuvent s'attaquer au Sonneur, dont les techniques de défense permettent toutefois aux adultes de ne pas avoir énormément de prédateurs. Les poissons consomment quant à eux principalement les larves, mais ils sont le plus souvent absents des milieux utilisés. Les insectes aquatiques, larves de Salamandre tachetée et de tritons s’en nourrissent également.
L’aire de répartition de l’espèce s’étend sur une grande partie de l’Europe centrale. Le Sonneur à ventre jaune est assez rare en Bourgogne où il est présent dans les quatre départements, régulièrement dans les zones bocagères vallonnées et les forêts de plaine, mais on remarque de fortes disparités dans sa répartition. Ses populations occupent notamment encore de vastes ensembles dans le sud du Morvan, le Clunisois ou encore les Amognes, où on pourra le qualifier de presque « commun », tandis qu’il est totalement absent de nombreux secteurs. Dans les massifs forestiers de plaine, si les ornières qu’il fréquente parfois et son apparente abondance dans certaines d’entre elles nous laisseraient à penser que le Sonneur se satisfait de peu et est très commun, il ne faut pas s’y tromper : l’essentiel des individus d’une population sont souvent concentrés sur les quelques hectares favorables à un moment donné, et sa situation est loin d’être uniforme en Bourgogne ni même rassurante. Disparue ou en voie d’extinction dans plusieurs régions ou pays de la frange Ouest de son aire de répartition, notre région a une responsabilité particulière vis-à-vis du maintien de cette espèce.
Conservatoire des sites naturels bourguignons, 2002, Guide des espèces protégées en Bourgogne, Ouvrage : 176p.
GENIER P. & CHEYLAN M., 2012, Les Amphibiens et les Reptiles du Languedoc-Roussillon et régions limitrophes. Atlas biogéographique., Ouvrage, Biotope, Mèze ; Muséum national d’Histoire naturelle, Paris (collection Inventaires et biodiversité) : 448p.