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Envergure : 55-65 mm
Le Tabac d'Espagne est un très grand papillon orange au vol puissant qui ressemble au Chiffre, au Moyen nacré et au Grand nacré. Les mâles adultes, de couleur fauve orangé vif tacheté de noir, portent aux ailes antérieures quatre vigoureuses stries androconiales parallèles. Les femelles, plus ternes, présentent des taches noires plus arrondies. Le dessous des ailes postérieures est caractéristique, vert pâle à reflets irisés, parcouru de bandes transversales nacrées. La morphe femelle valesina est très rarement rencontrée en Bourgogne (Côte-d’Or), et exceptionnellement en Franche-Comté (Doubs). Chez cette dernière la couleur de fond est remplacée par un gris-verdâtre sombre et chatoyant, marqué çà et là de suffusions plus claires. En vol, on risque de le confondre avec les autres Nacrés, mais leur taille est moins grande et leur vol plus rapide. Au repos, la coupe des ailes plus élancée du Tabac d’Espagne et son dessous caractéristique ne laissent plus aucun doute.
Le Tabac d’Espagne est une espèce sylvicole mésophile, fréquentant les lisières et les forêts claires. La chenille se développe sur diverses Violettes (Viola spp.). Les imagos de ce papillon parcourent de bonnes distances d’un vol puissant, mais se posent aussi en nombre sur des sites fleuris ou plus rarement au sol.
C’est une espèce univoltine qui a une longue génération estivale et vole sur la totalité des mois de juillet et d’août (avec tendance aux émergences plus précoces, parfois isolément).
Les adultes se nourrissent principalement du nectar des fleurs, les chenilles dévorent les plantes hôtes.
De surprenantes variations de densité ont lieu selon les années, avec des explosions démographiques. Ce papillon n’apparaît pas menacé ni en Bourgogne ni en Franche-Comté dans la mesure où les zones forestières sont préservées, ses populations s’y maintiennent de manière satisfaisante. La conservation du Tabac d’Espagne n’implique pas de mesure particulière. Il est toutefois possible, comme pour les autres Nacrés, de limiter les interventions susceptibles de nuire aux Violettes sauvages et au bon accomplissement du cycle larvaire de l’espèce (fauche des abords de routes forestières…).
Les papillons sont les proies de nombreux insectivores, ils peuvent être consommés par d’autres insectes et des oiseaux par exemple. C’est le Nacré le plus fréquent ; des abondances historiques ont été constatées en 2005 et 2006 en Côte-d’Or, avec occupation locale de toutes les sources de nectar, à tel point que cela pouvait potentiellement concurrencer les autres espèces.
C’est une espèce eurasiatique très bien représentée partout en Bourgogne et Franche-Comté, sous réserve de la présence de zones boisées de surface assez importante. Elle s’élève jusqu’à 1 100 m et exceptionnellement plus haut (1 320 m dans le Jura, à la forêt du Massacre).
DUTREIX C., 2013, Papillons diurnes et nocturnes de Bourgogne, Ouvrage, L'escargot savant : 368p.
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LAFRANCHIS T., JUTZELER D., GUILLOSSON J-Y., KAN P.&B., 2015, La Vie des Papillons. Ecologie, Biologie et Comportement des Rhopalocères de France., Ouvrage, Ed Diatheo : 751p.