Morphologie

Envergure : 35-42 mm

Le Tristan est un papillon sombre (brun) avec de nombreux ocelles foncés cerclés de jaune. En vol, il peut être confondu à première vue avec le mâle du Myrtil fraîchement éclos, que l’on retrouve dans le même type d’habitat en densité généralement au moins équivalente. La Bacchante (Lopinga achine), en lisière forestière, est un peu plus grande et plus claire, et a tendance à s’élever plus dans les taillis et les frondaisons, alors que le Tristan sautille à proximité de la strate herbacée. La série d’ocelles du revers des ailes est caractéristique (mais ils peuvent être parfois très petits, voire quasi absents : forme arete). La femelle présente une teinte générale un peu plus claire, le dessous pouvant tirer vers le brun fauve. Sauf par temps couvert, le papillon reste toujours ailes fermées lorsqu’il est posé.

Habitat

Le Tristan est une espèce méso-hygrophile particulièrement bien représentée en Franche-Comté, avec une tendance non constante de diminution de la taille en s’élevant en altitude. L'espèce affection les zones fraîches affichant toujours une touche d’humidité : lisières, forêts, prairies fleuries en zone bocagère, prairies humides et para-tourbeuses. Elle demeure en activité même par soleil voilé.

Reproduction

C’est une espèce univoltine volant habituellement en juillet, mais dont les émergences sont de plus en plus précoces. De rares individus s’observent même désormais dès la mi-mai, et l’espèce s’est montrée régulière début juin en 2003, 2009 ou 2011.

Régime alimentaire

Les adultes se nourrissent principalement du nectar des fleurs, les chenilles dévorent diverses Graminées.

Relation avec l’homme

Cette espèce peu menacée actuellement peut toutefois souffrir de l’excès d’entretien de ses milieux habituels (élimination des haies, fauche excessive des talus, bords de routes, lisières…). La baisse d’hygrométrie générale et l’assèchement de ses habitats lui sont par ailleurs également nocifs (drainage des zones humides, généralisation du travail des sols en zones cultivées, impact climatique…). De manière générale, il convient de maintenir une bonne diversité de zones humides prairiales, fauchées tardivement ou pâturées, de bois clairs à Molinie, ou encore de favoriser le maintien d’écotones (lisières étagées). Il est souhaitable de conserver des faciès frais à strate herbacée haute (ourlets), par exemple le long des cultures et des orées forestières.

Réseau trophique

Les papillons sont les proies de nombreux insectivores, ils peuvent être consommés par d’autres insectes et des oiseaux par exemple.

Répartition géographique

Le Tristan est une espèce eurosibérienne plus commune en altitude par comparaison au Myrtil (Maniola jurtina), et ses densités sont plus fortes en zone collinéenne. Elle atteint 1 220 m dans le Jura. Présente partout en Franche-Comté, elle se retrouve en Bourgogne surtout sur le Morvan, la Montagne et le plateau de la Côte-d’Or pour devenir progressivement quasiment absente dans les zones plus sèches et anthropisées : Sénonais, Auxerrois, nord Nivernais et Brionnais. En Bourgogne, bien que le Tristan soit réputé être une espèce banale, on observe depuis des années une baisse apparente de densité dans la plupart des stations d’observation, surtout dans les zones les moins boisées. L’espèce n’est pas encore rare, mais devient de fait plus localisée dans ses lieux de vol. Les populations semblent toutefois se maintenir globalement de façon satisfaisante.