Cartes, phénologie, nombre de données, etc...
Taille : mâles 11,5-15 cm ; femelles 12-18 cm
C’est le plus gros et le plus impressionnant triton de Côte-d’Or, puisqu’il peut atteindre 18 centimètres de long. Hormis la grande taille des individus âgés, il est reconnaissable à son ventre jaune taché de noir. En période de reproduction, le mâle arbore une immense crête dentelée sur le dos lui donnant une allure de monstre préhistorique ! Les larves sont également très caractéristiques, avec d’immenses doigts tels des filaments.
Le Triton crêté est assez exigeant dans le choix de ses milieux de reproduction. Il est étroitement inféodé aux mares, le plus souvent bien exposées, pourvues de végétation aquatique et d’une certaine profondeur. La présence de poissons est un facteur extrêmement limitant. Les milieux occupés par le Triton crêté sont généralement riches en autres espèces d’Amphibiens mais également d’autres espèces animales. Il est considéré comme une espèce « parapluie » indicatrice de l’état de santé d’un écosystème. On le rencontre souvent en compagnie de la Rainette verte et de la Grenouille agile, des Tritons palmé et alpestre, parfois de l’Alyte accoucheur, de la Grenouille rousse, du Crapaud commun ou de la Salamandre tachetée.
Les premiers individus arrivent dans les mares dès le mois de février, pour y rester jusqu’à juin, parfois plus tard. La femelle porte une attention toute particulière à la ponte. Un à un, elle va pondre ses œufs (jusqu’à 400), et enrouler les feuilles de plantes aquatiques autour, afin de les protéger de tout prédateur. Les larves se métamorphoseront environ 2 à 3 mois après, mais elles peuvent parfois attendre l’année suivante pour sortir de l’eau, notamment si les ressources alimentaires sont faibles.
Ses milieux originels ayant certainement quasiment tous disparus dans notre région, l’espèce a su désormais s’adapter à des milieux créés par l’homme pour ses propres besoins : mares abreuvoirs, mares réservoir, de village, voire même parfois d’ornement. Malgré ses foyers de populations importants, c’est sans doute également l’espèce dont la régression, encore invisible jusqu’alors faute de données suffisantes, est la plus marquée. En 25 ans, les études régionales montrent qu’au minimum, entre 10 et 25 % des mares pourraient avoir disparu. Pour cette espèce étroitement inféodée à ces milieux, cela signifie une perte au moins équivalente de la population. Sur certaines communes, le Triton crêté a d’ores et déjà disparu. Outre l’introduction de poissons, le Triton crêté doit désormais faire face à une autre menace : depuis une dizaine d’année, le Ragondin, espèce originaire d’Amérique du Sud et introduite par l’homme, est un des fléaux les plus importants pour les mares de Côte-d’Or, qu’il colonise désormais après avoir envahi le réseau hydrographique. Les dégradations qu’il occasionne peuvent être très importantes et radicales au sein de ces petits milieux aquatiques clos, éliminant toute végétation et indirectement la faune, hormis quelques espèces ubiquistes et banales. C’est une espèce protégée en France et déterminante ZNIEFF en Bourgogne.
Adultes, juvéniles et larves se nourrissent de divers invertébrés, terrestres ou aquatiques, mais également de larves d’autres amphibiens et particulièrement d’autres urodèles, parfois de la même espèce. Ils peuvent être la proie de poissons prédateurs, d’insectes aquatiques (larves de libellules, dytiques…), de hérons, de la Couleuvre à collier…
Assez rare à l'échelle de la région, cette espèce classée « d'intérêt communautaire » à l'échelle européenne (annexes II et IV de la Directive Habitats-Faune-Flore) pourrait être l'emblème de la Bourgogne parmi les Amphibiens, puisque ses populations y sont encore remarquables dans ses principaux secteurs bocagers du Bazois, de Puisaye, de l'Auxois, de Terre Plaine, du Bas-Morvan oriental et du Pays d'Arnay, ou encore de la Bresse et du Brionnais. Des milliers de points d'eau, quasiment exclusivement des mares, y sont encore occupés au printemps, dont certains forment des réseaux très conséquents permettant des échanges d'individus et le maintien à long terme de l'espèce. En dehors de ces régions naturelles, il est le plus souvent très rare et isolé, voire absent.
Conservatoire des sites naturels bourguignons, 2002, Guide des espèces protégées en Bourgogne, Ouvrage : 176p.