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Cette espèce inféodée aux grandes rivières est rare en Bourgogne et cantonnée essentiellement aux vals de Loire et d’Allier. Sa population est menacée en Europe et semble-t-il en régression dans plusieurs régions de France.
Classe : Insectes
Ordre : Odonates
Sous-ordre : Anisoptères
Famille : Gomphidés
Genre : Gomphus
Espèce : flavipes
Nom scientifique : Gomphus flavipes
Longueur du corps : 50-55 mm
Longueur des ailes postérieures : 30-35 mm
Comme tous les gomphes, les yeux du Gomphe à pattes jaunes sont bien séparés et l’ensemble du corps présente une coloration de fond jaune-vert avec des motifs noirs régulièrement répartis. C’est d’ailleurs notamment le dessin des lignes noires sur le thorax qui permet d’identifier l’espèce. Toutefois un risque de confusion existe avec le Gomphe semblable si on n’examine pas attentivement les autres critères distinctifs (forme des appendices anaux du mâle ou des lames vulvaires de la femelle).
L’exuvie est par contre très caractéristique avec un abdomen assez étroit et très allongé.
La vie larvaire de l’espèce se passe dans les sédiments sableux des zones relativement calmes des grands cours d’eau. Les secteurs présentant une rive érodée et bordée d’arbres avec un chevelu racinaire apparent paraissent favorables si on se fie à la présence d’exuvies qu’on peut y récolter (même si celles-ci ne sont jamais abondantes). Il semblerait que les larves aient besoin d’une température assez élevée pour leur développement, condition qu’on ne trouve pas dans la partie amont des cours d’eau.
L’espèce est rencontrée aussi bien au niveau du chenal principal que des bras connectés toujours dans les secteurs à courant lent.
A l’instar des autres espèces de la famille des gomphidés, le Gomphe à pattes jaunes se pose fréquemment sur le sol dénudé des rives (grèves, chemins).
Après l’accouplement, la femelle pond seule en volant au ras de l’eau dans les secteurs de rivière où le courant est ralenti par la végétation rivulaire (arbres, souches,…) ou la présence d’îles ou d’îlots. C’est essentiellement durant le mois d’août, voire début septembre qu’a lieu la ponte. L’éclosion intervient au bout de quelques dizaines de jours, sauf lorsque la ponte est tardive et que l’eau devient plus fraîche, auquel cas les œufs englués dans un mucus passent l’hiver mêlés aux sédiments et éclosent seulement à la fin du printemps suivant (on parle alors de diapause). La phase larvaire dure de 2 à 4 ans selon la température de l’eau et la ressource de nourriture. On distingue 14 ou 15 stades correspondant chacun à une mue.
La période d’émergence se superpose remarquablement à celle du Gomphe serpentin qui fréquente les mêmes milieux, soit essentiellement de fin mai à fin juillet, mais aussi parfois en août et même jusqu’à début septembre. Durant cette période on découvre les exuvies sur la rive, souvent à plusieurs mètres de l’eau, soit à même le sable ou sur des embâcles, soit dans la végétation riveraine, parfois à un mètre au-dessus de l’eau.
Après la phase de maturation qui peut durer deux semaines, l’imago s’éloignerait peu de son biotope de naissance.
Hormis lors de la découverte d’une émergence, l’observation des femelles est exceptionnelle, tant elles sont discrètes.
Il est vrai que les connaissances sur la biologie de cette espèce sont encore fragmentaires.
La larve se nourrit de proies plus ou moins petites (selon le stade de développement) qu’elle chasse à l’affut à moitié enfouie dans les sédiments où elle vit : rotifères, insectes aquatiques au stade larvaire (diptères, éphémères, névroptères…), crustacés (gammares, aselles), voire jeunes alevins.
Les adultes chassent en vol différentes sortes d’insectes volants de taille variable : diptères (majoritairement), éphémères, trichoptères, lépidoptères, voire autres espèces d’odonates …Ces proies sont le plus souvent dévorées en vol.
Compte tenu du fait qu’il est très exigeant sur les micro-habitats qui constituent son biotope larvaire et de sa rareté, ce gomphidé est très vulnérable. Le maintien de la dynamique fluviale des grands fleuves tels que la Loire est primordial pour sa conservation. Des enrochements intempestifs ou des rectifications des berges pourraient constituer une atteinte aux populations concernées.
Le Gomphe à pattes jaunes bénéficie d’une protection nationale depuis 1993. Il figure dans la catégorie « quasi menacé » sur la Liste Rouge des espèces menacées en Bourgogne. L’espèce est en outre prioritaire dans le Plan Régional d’Action en faveur des Odonates.
Différentes espèces de poissons (perche, goujon, carpe…) consomment les œufs qui viennent d’être pondus ainsi que des larves. Plusieurs espèces d’oiseaux tels que le Martin-pêcheur, la Bergeronnette des ruisseaux, peuvent se nourrir des larves aux derniers stades, mais aussi des individus émergents. De même, quelques arthropodes (araignées, fourmis) sont potentiellement des prédateurs de ce gomphe lors des émergences.
Les imagos sont parfois la proie d’oiseaux, notamment le Guêpier d’Europe et le Faucon hobereau.
En France, l’espèce n’est localisée qu’à une partie du bassin de la Loire. Elle est de découverte relativement récente dans la Nièvre, les premières citations datent en effet de 1989 (sur la Loire et sur l’Allier). Sa répartition est assez diffuse ainsi que le révèlent les faibles récoltes d’exuvies par rapport aux autres espèces présentes.
Le Gomphe à pattes jaunes a été récemment découvert dans le val de Saône au sud de la Saône-et-Loire. Des indices de présence ont été également notés sur le Doubs non loin des limites administratives de la Bourgogne.
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