Cartes, phénologie, nombre de données, etc...
Elle est parfaitement adaptée à la vie aquatique grâce à son corps hydrodynamique, long et fuselé, ses pattes courtes aux pieds palmés, sa tête aplatie, sa queue puissante qui lui sert de propulseur et de gouvernail, ses yeux et ses oreilles de petite taille situés au sommet du crâne et alignés avec les narines. De plus, sous l’eau, la Loutre a une excellente vue, ses oreilles et ses narines se ferment automatiquement. Ses moustaches lui permettent de détecter ses proies et ses obstacles. Sa fourrure (jusqu’à 80 000 poils au centimètre carré !) la protège du froid. Elle est brune sur le dos et crème sur le ventre.
La Loutre fréquente une grande variété de milieux aquatiques, depuis la mer jusqu’aux lacs de montagne.
En Bourgogne, elle vit près des ruisseaux, rivières, fleuves et canaux, tourbières, étangs et grands réservoirs, bras mort et marais. Son domaine vital est très vaste allant jusqu’à 30 km de berges, selon les ressources disponibles, où elle peut disposer de plusieurs dizaines de couches, d’abris ou catiches utilisés respectivement pour le repos et la mise bas. Les couches sont de simples endroits à même le sol comme un buisson au bord de l’eau, un tas de bois, une anfractuosité de rocher, des éboulis, une épaisse couche de mousse.
Les abris sont généralement des terriers, des éboulis rocheux, des vieux arbres, les sous-berges ou encore les enrochements d’un pont. La catiche est le gîte principal et le plus élaboré, avec généralement une entrée sous l’eau et une autre dissimulée dans la végétation rivulaire servant d’issue de secours.
La reproduction a lieu à n’importe quel moment de l’année, ce qui est unique chez les Mustélidés. La femelle donne naissance à un ou deux loutrons qui s’émanciperont vers 8 à 10 mois. Ils seront matures à l’âge de deux ans.
Au sommet de la chaîne alimentaire, la Loutre se nourrit principalement de poissons (50 à 90 %), mais aussi d’amphibiens, de crustacés et plus rarement, de mollusques, de reptiles, de petits mammifères, d’oiseaux et de matières végétales selon les saisons. Elle consomme quotidiennement 10 à 15 % de son poids.
Sous la pression du piégeage et de la chasse, son comportement s’est modifié : la Loutre est désormais essentiellement nocturne et reste solitaire dans nos contrées. Les principales causes de son déclin sont liées à son piégeage et sa chasse au cours du XIXe et du XXe siècle : sa fourrure exceptionnelle lui a fait payer un lourd tribut. À l’époque, le prix d’une peau de loutre était plus élevé que le salaire mensuel d’un ouvrier ! D’autres facteurs combinés ont failli sonner le glas de cette espèce : la dégradation des zones humides, l’intensification agricole, la pollution de l’eau notamment au travers de la contamination des poissons (PCB ou le DDT). Aujourd'hui, la Loutre est protégée par la Loi française et est inscrite aux annexes II et IV de la Directive Habitats-Faune-Flore.
La Loutre est un super prédateur au sommet de la chaine alimentaire. L'Homme a longtemps été son prédateur du fait de la chasse.
Avant les années soixante-dix, la Loutre était encore présente sur d’assez nombreux cours d’eau. La régression se précise ensuite. Au milieu des années quatre-vingt jusqu’aux années quatre vingt-dix, les spécialistes s’accordaient à dire que l’espèce avait disparu de Bourgogne. Les importants suivis entre 1999 et 2006 se sont montrés infructueux, témoignant d’une densité de population extrêmement faible. Depuis une quinzaine d’années, la Loutre a engagé un mouvement de reconquête de ses anciens territoires au niveau national. La Bourgogne n’y fait pas exception. La protection légale porte enfin ses fruits ! Ainsi, depuis 2010, les indices de présence se font plus réguliers dans le Morvan : les effectifs se renforcent enfin ! Ailleurs en Bourgogne, la sirène de nos rivières montre désormais le bout de son nez de plus en plus souvent sur la Loire et l’Allier grâce à l’extension des populations du Massif central. Une jonction avec la population morvandelle est maintenant attendue par les rivières l’Aron et l’Arroux. Son retour sur le bassin de la Saône pourrait se faire prochainement, aussi bien par un basculement depuis le bassin de la Loire que par une remontée par la région Rhône-Alpes, où quelques indices récents ont été découverts, mais les obstacles restent encore nombreux.
BOUCHARDY, C., MAURIN, H., ROSOUX, R. & TOURNNEBIZE T., 1993, Evolution de la répartition de la Loutre d'Europe (Lutra lutra) en France, Rapport, SFEPM / Groupe Loutre / Secrétariat de la Faune et de la Flore / Muséum National d’Histoire Naturelle : 6p.
BOUDIER A.,, 2005, La Loutre : un indicateur biologique de la santé des cours d'eau, Rapport, Soc. Hist. Nat. Autun : 15p.
ETIENNE, P., 2005, La Loutre d'Europe, Ouvrage, Delachaux & Niestlé : 192p.
GAUTHERIN H., 1989, Présence de la loutre dans le Nord du Morvan, Bulletin d'Association, Bulletin de la Société d’histoire naturelle d’Autun, 132 : 31-33
LERAT, D & VARANGUIN N., 2014, Faune des milieux humides – Suivi de la Loutre d’Europe (Lutra lutra, Linnaeus 1758) en Bourgogne, Rapport, Société d’histoire naturelle d’Autun : 50p.
PIGNEUR L.-M. et al., 2015, Génétique de la conservation de la Loutre d’Europe en France, Revue scientifique, Bourgogne-Nature, 21/22 : 175-180
RAIMOND S. & KUHN R., 2015, La Loutre et les piscicultures La protection des piscicultures face à la prédation par la Loutre d’Europe, Revue scientifique, Bourgogne-Nature, 21/22 : 211-216
ROSOUX R., DE BELLEFROID M.-des-N. & LIBOIS R., 2015, Le mystère des loutres d’Arcy-sur-Cure, Revue scientifique, Bourgogne-Nature, 21/22 : 99-108
SIMONNET F. & GRÉMILLET X., 2015, Bilan de trois décennies de suivi de la recolonisation de la Bretagne par la Loutre d’Europe, Revue scientifique, Bourgogne-Nature, 21/22 : 181-191
VARANGUIN N. et al., 2015, Chronique de la Loutre d’Europe en Bourgogne : des résultats encourageants ! , Revue scientifique, Bourgogne-Nature, 21/22 : 193-209